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Ils retournent aux études… en famille!

Jean Guilbault et sa conjointe Maryse Roy ont vendu leur maison à la campagne pour amorcer leurs études à l'UdeS. Ils rejoignent ainsi leur fils Pascal Guilbault. Ils sont prêts à réaliser leur plus chère aspiration.
Jean Guilbault et sa conjointe Maryse Roy ont vendu leur maison à la campagne pour amorcer leurs études à l'UdeS. Ils rejoignent ainsi leur fils Pascal Guilbault. Ils sont prêts à réaliser leur plus chère aspiration.
Photo : Michel Caron

28 août 2008

Diane Bergeron

On associe généralement la rentrée universitaire à un vent de jeunesse soufflant sur les campus. Mais parmi les milliers de recrues fraîchement diplômées du cégep, de nombreux adultes effectuent un retour aux études. C'est le cas de Jean Guilbault. À 43 ans, il prend le chemin de la colline universitaire dans le sillage de son fils Pascal. Le père et le fils se retrouvent donc au sein de la même faculté, celle d'éducation physique et sportive. Fait plus rare encore, l'épouse de Jean et mère de Pascal amorce un baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire. Voici l'histoire inusitée d'un double retour aux études. Celle de deux quarantenaires qui ont troqué la sécurité contre la réalisation de leur plus chère aspiration.

«On ne s'est jamais sentis aussi libres», claironnent les protagonistes. C'est dire la force du désir qui les a poussés à vendre leur maison au bord de l'eau de Saint-Bonaventure, près de Drummondville, pour habiter dans un appartement d'une pièce et demie à Sherbrooke. Si le geste apparaît comme un saut dans le vide, il s'est fait par étapes et constitue l'aboutissement du cheminement de chacun.

«J'ai toujours voulu être professeur d'éducation physique, déclare Jean Guilbault, inscrit au baccalauréat en kinésiologie. Même si ce dernier était déjà un mordu de la forme physique à l'adolescence, accéder à ladite profession n'était pas évident au début des années 80. «On me disait qu'il n'y avait pas de débouché en éducation physique, et que l'avenir était en informatique, dit-il. J'ai donc écouté mon entourage et laissé mon rêve de côté.» Après deux mois d'études en informatique au Cégep de Saint-Hyacinthe, Jean Guilbault s'est dirigé en soins infirmiers, une voie qui correspondait à son intérêt pour la santé. S'ensuivra un sinueux parcours professionnel qui le laissera toujours insatisfait, jusqu'à ce qu'il tombe malade en 2001.

Les médecins n'arrivaient pas à diagnostiquer l'affection dont souffrait Jean Guilbault. Atteint de troubles digestifs sévères, il demeurera hors circuit pendant quatre ans. «Je m'en suis sorti grâce à une saine alimentation et à l'activité physique», raconte-t-il. Mon expérience m'a fait réaliser que je c'est en santé préventive que je veux œuvrer, et non sur le plan curatif comme je le faisais lorsque j'étais infirmier.»

Quand Pascal entreprend son baccalauréat en kinésiologie à l'automne 2007, Jean Guilbault se montre extrêmement curieux au sujet des apprentissages de son fils. Ce dernier aurait-il entraîné son père dans son sillage? «Pas vraiment! C'est plutôt Maryse qui a ouvert la voie», explique le père. «Ce qui a déclenché le processus, c'est quand le dernier de nos trois enfants a quitté la maison, confie Maryse Roy. J'avais l'impression de ne plus être utile. Comme je n'aimais pas mon travail d'agente de bureau dans une entreprise de réception et d'expédition de véhicules récréatifs, j'ai commencé à réfléchir sérieusement à ce que je voulais faire.»

Maryse Roy aussi caressait un vieux rêve, celui d'être enseignante au primaire. Mais ce rêve passerait-il le test de la réalité? «Je suis allée faire un stage d'observation dans une école primaire. J'ai choisi une classe où il y avait des cas d'intégration lourds, dit-elle. Et j'ai eu la confirmation que c'est bien ça que je veux faire.» L'œil serein et pétillant, elle précise : «Je suis tombée amoureuse de la profession enseignante.»

Pascal Guilbault est très fier de ses deux parents. «Parfois, il faut faire un pas en arrière pour aller de l'avant», dit l'étudiant de 2année. De son côté, il a ajusté le tir en changeant de programme sans toutefois modifier son choix de carrière. «Grâce à mon premier stage, j'ai réalisé que je préférais être mieux outillé en pédagogie en optant pour le baccalauréat en enseignement en éducation physique et sportive, dit-il. J'envisage ensuite poursuivre à la maîtrise en kinanthropologie pour approfondir mes connaissances sur le fonctionnement du corps humain. Avec ces études en poche, je pourrai être enseignant au cégep en éducation physique.» 

Peut-on conclure que la famille Guilbault comptera trois professeurs dans quelques années? Pas nécessairement! Jean Guilbault aimerait utiliser son expérience de la maladie pour aider des gens à améliorer leur santé. Il espère se doter du diplôme de 2cycle en exercices thérapeutiques et ainsi développer une approche alliant physiologie, nutrition et psychologie. Évidemment, les parcours entrepris par les Guilbault pourraient connaître d'autres trajectoires. Il semble par contre que rien ne les arrêtera. Surtout pas le besoin de confort!